mercredi 15 juillet 2009

Welcome in Sana'a


10 juillet 2009. Un an après que PPDA ait présenté son dernier JT, c'était donc à mon tour d’effectuer un grand saut, vers un univers complètement inconnu bien que longuement étudié. D’aucun parleraient de débuts tonitruants. Départ d’abord avec Yemenia Airlines : sensations assurées une dizaine de jours après le crash aux Comores. Après une heure et demi de retard, dont une bonne demi heure passée sur le tarmac, devant l’avion en question et une fourgonnette de gendarmes à la présence toujours rassurante, décollage vers le royaume de Saba.

Arrivée à Sana’a vers 19h, et départ dans deux pick-up à destination de l’institut. Et là, c’est le drame. Une moto profite des embouteillages et de la conduite anarchique yéménite (Paris n’a plus à rougir) pour prendre une valise à l’arrière du pick-up.

Bref, c’est à ce moment que débute l’aventure, la vraie… Arrêt devant ce qui semble un commissariat pour faire une déposition. En toute logique, nous repartons avec un gardien d' hôpital, sorti de nulle part, Glock dans la djellabah, qui nous amène au commissariat. Imaginez vous à cet instant dans un pays dont vous ne comprenez absolument pas la langue, dans lequel vous venez de débarquer, dans un environnement qu’on vous a décrit, (description confirmée dans un premier temps) clairement hostile.

Grand moment avec la découverte de la police yéménite, la vraie: une porte quelconque, annoncée par une guérite en bois moisi. A l’intérieur un garde, une kalachnikov datant au moins de Stalingrad posée en évidence sur les genoux, vous faisant de grands sourires bienveillants. Enfin...Rien à côté de l’intérieur du commissariat. Un couloir sombre, dont on ne voit pas le sol si ce n’est des morceaux de verre ou de vieilles bouteilles en plastique. De chaque côté, de grandes portes en bois, avec de petits judas : « c’est quoi ? » « oh…ça doit être des boutiques » dixit le staff de l’institut ; en fait des prisons, ce qui renforce encore, si tant est que cela soit possible, la perception d’un endroit sordide et glauque au possible. Après quelques errements, montée d'un escalier étroit pour finalement entrer dans un bureau, vide, orné d'une photo du président, une simple table au milieu de la pièce.

De l’autre côté de la table, un officier mâchant du qat (imaginez vous simplement une énorme boule de feuilles séchées agglomérée dans sa joue), boule ne l’empêchant en aucun cas de parler et de faire son boulot le plus sérieusement du monde. S’ensuit alors la saisie de la déposition, sur une feuille de cahier normal, sous laquelle est placée du papier carbone pendant une vingtaine de minutes. Départ pour un autre bureau, un autre officier avec une joue complètement déformée par le qat tente de téléphoner à un témoin… Arrivée à l’institut vers 21h, complètement dépassé après deux bonnes heures dans un commissariat, entouré de kalachnikovs, de djambiya et d’un patchwork de djellabas et de treillis, et ce sans avoir compris le moindre mot.

Après ces émotions, la première nuit se voulait donc reposante. En fait non. N’ayant aucune expérience jusqu’alors des pays musulmans, l’aube et l’appel à la prière du muezzin me réveillaient bientôt. Bienvenue à Sana'a donc...

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