mercredi 15 juillet 2009

Allah, al Watan, al Thaoura

(Allah, la Patrie, la Révolution)


/!\ Article sérieux /!\

"Arabia Felix", Arabie heureuse... Réalité désormais lointaine pour le seul pays arabe classé parmi les PMA, ayant subi une longue et douloureuse transition qui a fait du richissime royaume de Saba une forme de "second Congo" dans les années 60-70. [NB: le Yémen, c'est ]

Eclatée, jusqu'à la révolution au nord (1962) et à l'apparition de guérillas au sud (1957), entre un Nord Yémen (autour de Sana'a), imamat dominé par l'imam Ahmed bin Yahya (1948-1962), et un Sud (autour d'Aden) dominé par l'Empire britannique, la situation géopolitique yéménite annonçait en réalité déjà toutes les difficultés à venir.

Les années 60-90 voyaient en effet perdurer cette division initiale, entre (rapidement) un Nord tribalo-monarchique d'orientation islamique soutenu par Nasser et organisé en République Arabe du Yémen en 1962, et un Sud néo-colonial dominé par les britanniques et financé par l'Arabie Saoudite jusqu'en 1967 (grosso modo), avant de tomber sous le joug de l'Union Soviétique et de créer la République Démocratique Populaire du Yémen en 1970 (malgré une certaine permanence ambigüe de l'influence saoudienne). Terrain de jeu pour la lutte d'influence égypto-saoudienne, essuyant un conflit colonial au sud et des conflits tribaux au nord, le Yémen du XXe siècle est donc à feu et à sang jusqu'à une réunification improbable.

En conflit permanent (concret ou non), les deux Yémen ne se réunifient ainsi qu'en 1990, constituant la néo-République du Yémen, placée sous l'égide d'Ali Abdullah Saleh (dont le mandat court toujours). Présenté comme un Etat terroriste par les médias occidentaux, le Yémen est aujourd'hui partagé entre une nécessité de s'intégrer à la scène politique internationale et des positions mal digérées sur le plan international (soutien à Saddam Hussein lors de la guerre du Golfe malgré les pressions saoudiennes).

Saleh a en ce sens tenté a plusieurs reprises de marquer un rapprochement avec les Etats Unis (particulièrement difficile à maintenir, voir ici, et ) et l'Arabie Saoudite, avec laquelle les relations sont tendues depuis les années 7, du fait de la crainte saoudienne de se retrouver entre deux pays sous l'influence nassériste, puis crainte de l'expansion du communisme). Il doit toutefois composer avec le courant islamiste yéménite (al Islah, "la réforme"), qui reste puissant, regroupant une frange islamiste "dure" et les représentants du système tribal. Le pays est aujourd'hui plongé dans une situation difficile, avec une pauvreté importante (PIB par habitant de $350), et une économie déséquilibrée, due notamment au manque d'eau (à l'origine de conflits au nord), à l'expansion du qat et à un déficit naturel de production poussant à une importation de masse. L'Arabie "Heureuse" confirme ainsi sa réputation de pays présentant un "grand potentiel de complications"...

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